« Les choses de l’enfance ne meurent pas, elles se répètent comme les saisons. »Était-ce naïf de penser que nous resterions comme ça pour toujours ? Quand j'étais enfant, je voyais mes parents comme des héros, des dieux qui étaient parfaits et invincibles. Je voyais notre vie comme comme une douce routine qui allait continuer jusqu'à ce que je sois prête à voler de mes propres ailes. Papa travaillait beaucoup et était une personne très sérieuse, mais il savait mettre de côté ses histoires de grande personne pour venir jouer avec moi. Il insistait pour qu'on ne parle que coréen entre nous. Il disait que c'était comme un langage secret et qu'ainsi, je pouvais lui confesser mes problèmes pour qu'il puisse m'aider avec. Maman ne travaillait pas donc on passait beaucoup de temps ensemble. Elle adorait qu'on sorte et qu'on aille se promener à travers les rues de Liverpool. C'était la ville dans laquelle elle avait grandi et quasiment toujours vécu donc elle avait toujours plein d'histoires et d'anecdotes à me raconter.
Mais contrairement aux contes de fées, cette histoire n'a pas eu une fin comme " Ils vécurent heureux tous ensemble, et ce pour toujours. ". Quand j'ai eu 7 ans, les médecins ont diagnostiqué une tumeur cérébrale à ma mère. Au tout début, elle restait avec moi à la maison. Elle était très faible et dormait beaucoup mais elle faisait de son mieux pour qu'on puisse quand même passer du temps ensemble. " Même si le pire est en train de t'arriver, tant que tu es avec des gens que tu aimes, tu garderas espoir. " répétait-elle sans cesse. Mais l'espoir n'a pas suffit et son état s'est aggravé. Elle dû être internée à l'hôpital et, comme elle ne pouvait plus s'occuper de moi et que mon père devait continuer à travailler, ils décidèrent de m'envoyer en Corée le temps que les choses se calment. Je fus donc envoyée chez la meilleure amie de ma mère, qui vivait dans une petite maison à Séoul.
« You only miss the sun when it starts to snow. »Je pensais rester dans cette petite maison pendant quelques semaines, voir quelques mois, mais le temps passa et ma situation resta la même. Ce fut dur de m'habituer au début parce que l'Angleterre et la Corée sont deux pays qui ont deux cultures très différentes, mais la meilleure amie de ma mère, Jang Ha Neul, était vraiment très gentille avec moi. Et je m'entendais très bien avec son fils, Min Hun, qui avait un an de plus que moi. Bon, très bien, c'était peut être un peu exagéré. Je l'aimais bien au fond, même si on se disputait souvent. C'est d'ailleurs avec lui que je commençai à chanter.
Presque un an après mon départ d'Angleterre, mon père et ma mère me passèrent un appel sur skype pour me demander ce que je voulais faire. Papa m'expliqua que ça allait être compliqué si je revenais à Liverpool et que je serais probablement mieux à Seoul. Mais Maman me dit qu'ils me laissaient le choix parce qu'elle savait que ça devait être dur de vivre loin d'eux.
Ce fut très difficile mais je décidai de rester jusqu'à ce que Maman soit guérie. J'étais gamine, je pensais qu'une maladie, quand on allait à l'hôpital, ça se soignait. Même si ça prenait du temps. Alors, pour ne pas inquiéter mes parents et être un poids pour eux, je décidai d'aller les voir uniquement pendant les vacances.
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Il y eut un coup de téléphone, plusieurs années après. J'étais dans la cuisine du restaurant de Madame Jang, en train de voler des biscuits avec Min Hun, quand nous surprîmes la conversation entre la mère de Min Hun et mon père. Comment je su que c'était mon père au bout du fil ? Quand Madame Jang se mit à pleurer et qu'elle lui répondit : " Oui.. Ça va être dur mais je vais lui annoncer. L'enterrement se fera en Angleterre ou en Corée ? "
Après l'enterrement je ne sortis pas de ma chambre pendant des semaines. Min Hun venait tous les jours pour jouer de la guitare, pour me raconter sa vie et essayer de me faire sortir. Madame Jang préparait toujours des plats délicieux et me proposait de nous amener au parc ou à la salle d'arcade. Mais je n'avais pas la force de faire quoi que ce soit. J'avais douze ans. Et il me fallu quasiment un mois pour mettre le pied dehors.
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" Je crois que finalement je préférais quand tu hibernais ! " S'exclama Min Hun en remontant la couverture jusqu'à son visage. " Alleeeeeeez ! Aides moi à m'entrainer ! Je ne peux pas le faire sans accompagnement ! Lèves-toi ! " Le garçon jeta la couverture et se tourna vers moi avec un regard noir. " SOOYEON ! IL EST A PEINE 7HEURE ! LAISSES MOI DORMIR D'ACCORD ?"
Après la mort de ma mère je n'étais pas retournée en Angleterre. Je savais que c'était dur pour mon père et ça l'était pour moi aussi. J'étais habituée à ma vie en Corée et je n'aurais été qu'un poids en plus pour lui. Je décidai alors de devenir la fille que ma mère méritait d'avoir, je voulais la rendre fière. Je laissai donc de côté toutes mes pensées négatives et me mis pour objectif de rendre les gens autour de moi heureux et de profiter de leur présence au maximum. J'étudiais beaucoup et essayai d'aider Madame Jang un maximum avec le restaurant. Je m'occupais du service et de la vaisselle parce malgré mes années de pratique et les efforts de Madame Jang, j'étais tout à fait incapable de cuisiner. Min Hun n'arrêtait pas de me répéter qu'il plaignait mon futur mari à cause de ça. Avec lui, nous avions pris l'habitude de chanter ensemble après avoir fini d'étudier. Son père avait été un chanteur très connu avant de mourir. Il avait tout enseigné à Min Hun avant son accident et Min Hun m'avait ensuite tout appris à moi. Il disait qu'un jour il deviendrait connu et que si j'avais de la chance, il accepterait de faire une chanson en duo avec moi. Quel frimeur !
« Be brave. Fight for what you believe in and make your dreams your reality. »" Prête ? "
" Prête. "
Nous prîmes tous les deux une grande inspiration et entrâmes dans le grand bâtiment, nos valises aux mains. Notre vie allait changer. Et avec un peu de chance, ce serait en bien.
Un mois plus tôt nous étions venu au même endroit, simplement avec nos espoirs et la guitare de Min Hun, et nous avions donné tout ce que nous pouvions pour convaincre les juges que nous avions une place dans leur agence. Et deux jours plus tôt, un des agents nous avait contacté et nous avait annoncé que si nous étions prêts, nous pouvions d'ores et déjà préparer nos bagages et emménager dans l'immeuble de l'agence.
Au départ, on débarque avec de grands rêves et on a tendance à penser qu'à partir de là, tout se passera bien. Mais ce n'est que le début de l'aventure. Et être trainee dans une agence est mille fois plus dur que ce que l'on peut imaginer. Même une fois rookie, il ne faut pas se relâcher. C'est une guerre de tous les jours et vous n'avez pas le droit à l'erreur.
Nous sommes tous les deux arrivés jusque là. Maintenant nous devrons compter sur nos compétences et notre courage pour continuer jusqu'au bout !