Kunteera Niran

"Sorry god don’t forgive my guilty pleasure."

Rester tourné sur le passé n'est pas dans ma nature. Le passé a pour conséquences le présent et l'avenir. En tenir compte est une chose, continuer à vivre dedans une autre.

Lorsque j'étais enfant, tout n'était pas toujours rose. Le niveau de vie dans mon pays n'est pas réputé pour sa hauteur, il est même tout le contraire. Travailler des heures comme un chien et toucher un salaire de misère est une chose courante, encore fallait-il avoir la chance de trouver un emploi et d'accepter gagner une misère. Certains n'ont pas hésité à se tourner à des emplois plus lucratifs, prostitutions, drogues, vols, et le reste. Dans mon cas, j'ai été sauvé d'un de ces avenirs plutôt malheureux grâce à la boxe thaï, sport roi. J'avais à peine six ans quand j'ai tapé sur un poteau la première fois. Mes entraînements me laissaient tout juste l'occasion de dormir.

Quand j'ai commencé à affronter d'autres enfants, un entraîneur s'est intéressé à mon cas, j'ai rapporté un peu d'argent à mes parents. Ma mère n'est pas thaïlandaise, mais coréenne. Elle avait beau adorer la Thaïlande, c'était loin de sa perception des choses, inquiète de me voir faire tout ça en étant si jeune. Elle aurait voulu que j'ai une enfance identique à la sienne, comme pour mes deux petites sœurs, mon père n'a pas mis longtemps à réaliser qu'elle dépérissait de cette vie. C'est grâce à sa famille qu'ils ont pu quitter le pays, s'installer à Séoul. Lâché dans cette ville si différente de la mienne, je ne parlais pas cette langue à l'époque. Mon oncle était déjà entraîneur de boxe thaï dans son petit club, c'est là que j'ai continué à m'entraîner. Je ne me suis jamais bien intégré même en faisant des efforts, la boxe m'a permis de tenir le coup, j'étais même pressenti pour devenir rapidement professionnel lorsque mon âge le permettrait. Dans le milieu de la boxe, mon nom était déjà connu.

Trois ans après mon arrivée, j'ai fait une regrettable erreur de calcul. L'argent faisait défaut à ma famille, ma découverte de combats illégaux m'a tourné la tête, personne ne crache sur de l'argent facile. Mon adversaire était un gros naze, pourtant, je n'en ai pas tenu compte, poussé par le public, mes mauvaises fréquentations de l'époque, je voulais crâner, faire le fort, ne laissant aucune chance à l'autre. Mon adversaire s'est écroulé sur le sol, j'ai failli le tuer cette nuit là. Ma licence m'a été retirée durant cinq années, je venais de foutre en l'air tout mon avenir dans la boxe en quelques minutes. Aucun club ne prend une brebis galeuse. Ma raison s'est barrée, j'ai continué à faire des sales coups en compagnie des petites frappes du quartier.

Mes parents ont fini par se débarrasser de leur boulet de fils, trop honteux de voir les flics me ramener ou les convoquer. C'est de cette manière que j'ai terminé dans un centre et que j'ai rencontré le seul qui a réussi à apprivoiser la bête sauvage que j'étais devenu, Min Jae. Je n'avais que quinze ans. Avec beaucoup de patience, il est parvenu à me faire reprendre la boxe, à rentrer dans le droit chemin. Notre amitié date de cette époque et dure encore aujourd'hui. Depuis, j'ai encore fait du chemin. Mon oncle me demande parfois de donner des cours à sa place, les autres membres me regardent avec des yeux admiratifs à cause de mon parcours. De petit boulot en petit boulot, je suis devenu un des hommes qui s'occupent de la sécurité dans une agence de divertissement, Star Entertainment. C'est un boulot pénard qui me permet de faire ce que je veux. Il n'y a pas que des personnes sympathiques dans ce milieu, mais je sais les mater.