Wang Mark

"C'est dans l'effort que l'on trouve la satisfaction et non dans la réussite."

Je suis né un 17 juin 1989. Il devait faire chaud dans la capitale chinoise… je n’ai jamais posé la question à mes parents. Je n’ai jamais été curieux à propos de ma naissance : je suis là, c’est tout.

Petit Chinois tout ce qu’il y a de plus normal, je ne suis pas resté longtemps dans mon pays natal : très tôt, mes parents ont décidé de déménager, d’aller au Canada, là où mon oncle paternel et sa femme habitaient déjà. Si je n’ai jamais été curieux à propos de ma naissance, notre départ de Chine m’a, bien des années plus tard, fait poser beaucoup de questions. Mes parents ont alors à l’époque tentés de m’expliquer : j’étais encore trop jeune pour tout saisir. Ils me parlaient de la politique de l’enfant unique, d’une durée de 9 mois… je n’y comprenais pas grand-chose. Aujourd’hui ce n’est plus le cas bien sûr. J’ai compris les raisons de notre déménagement : j’ai compris pourquoi quelques temps après notre arrivée à Vancouver, j’ai eu un petit frère.

Là encore, je ne me souviens pas de sa naissance. J’étais bien trop jeune. Nous n’avions qu’un an d’écart lui et moi. Il aurait 24 ans aujourd’hui… Oui, il aurait. Keenan. C’est comme ça qu’il s’appelait. Mais il est mort aujourd’hui. En réalité, je n’ai que peu de souvenir de lui : seulement quelques brides et quelques photos. Il est mort d’une tumeur dite solide… enfin c’est le médecin qui disait ça. Mon père m’avait dit qu’il s’était endormi, et qu’il rêvait : un rêve magnifique, si beau que Keenan ne voulait certainement plus en sortir. Quand j’y pense, c’était débile comme excuse : il ne voulait pas me choquer bien entendu, et c’était déjà tellement difficile pour lui… et pour ma mère aussi. Tous les jours, je l’entendais pleurer dans la pièce voisine. Plus personne n’a plus jamais parlé de Keenan : en parler devant ma mère nous faisait à tous très peur. On ne voulait pas la voir effondrée.

Après la mort de Keenan, je me suis résigné à être le fils unique de la famille. Je tâchais d’être un gentil garçon, pour ne pas causer de problème à ma mère : même avec mon jeune âge, je me rendais bien compte que c’était dur pour elle, et je ne voulais pas être un poids en plus. Je suis devenu très rapidement autonome, travaillant à l’école, ne causant pas de problèmes, et attendant sagement le retour de mon père pour manger, jusqu’à apprendre moi-même à cuisiner et pouvoir manger sans avoir à déranger qui que ce soit.

Le gentil petit garçon que j’étais du apprendre à se divertir tout seul : c’est donc assez rapidement que j’ai commencé à m’intéresser à la musique. C’est à l’école, lorsque notre participa à une chorale que je me mis pour la première fois à chanter. On m’avait à l’époque complimenté pour mon implication et ma belle voix. Je dois beaucoup à la personne qui s’occupait de la chorale : c’est elle qui m’a donné envie de continuer à chanter. De temps en temps, après la chorale, elle restait plus longtemps avec moi pour m’apprendre à chanter. M’initiant aux techniques de respirations (celle avec la paille ayant beaucoup fait rire le petit garçon que j’étais), aux partitions et m’apprenant à maitriser ma voix. C’est ainsi que j’ai commencé à nourrir une passion pour le chant.

Je me suis senti abandonné quand ma prof de chant est partie. C’était égoïste de ma part, mais je voulais qu’elle reste, qu’elle m’enseigne encore et toujours le chant. Je ne voulais qu’elle pour m’apprendre, mais j’ai dû me faire à l’idée que ma gentille prof ne serait plus là pour m’apprendre.

Depuis, j’ai continué à chanter, seul dans ma chambre ou devant un petit auditoire d’adulte amusé devant le petit asiatique chanteur que j’étais. J’ai continué à apprendre les différents rouages du chant en autodidacte. Quand un jour, on m’a demandé ce que je voulais faire plus tard, j’ai répondu que je voulais être chanteur d’opéra. Mon rêve à évolué avec le temps, mais jamais je n’ai voulu faire autre chose que du chant. Je me suis tourné vers le mannequinat, mais ce n’était qu’un tremplin, qu’un moyen d’accéder à mon rêve plus facilement. En effet, pendant des vacances en Corée, on m’a donné l’occasion de me faire connaître : j’étais dans un café, à manger une glace avec ma mère et ma petite sœur de 5 ans, quand on m’a proposé de poser pour un magazine. Cette occasion, que j’ai saisie sans vraiment y réfléchir, m’a permis d’ouvrir biens des portes.

Me voyant pris dans un engrenage qui pourrait bien déterminer ma vie entière, mes parents n’hésitent pas une seule seconde à déménager à Séoul. Au début, je ne fais que poser pour quelques magazines, mais je n’en oublie pas ma passion, le chant. A ma demande, mes parents m’inscrivent alors à un concourt de chant télévisé. Je ne l’ai pas gagné, trop jeune, trop expérimenté, la plupart des choses que je sais en chant, je l’ai appris en autodidacte. Je ne pouvais bien sûr pas gagner, mais je ne regrette pourtant rien : j’ai pu me confronter à d’autres chanteurs plus expérimenté, apprendre d’eux et surtout me faire remarquer par un chasseur de tête.

On me propose de rejoindre une agence, de m’entraîner, de progresser, et de faire de ma passion mon métier. Ce que je voulais le plus réaliser m’était accessible… je pouvais presque toucher du doigt mon rêve d’enfant. Il n’a pas fallu grand-chose pour me convaincre : on me promettait tant de choses, mes yeux en brillaient, je ne pouvais qu’accepter. C’est ainsi que je suis devenu un trainee à la Star Entertainment. J’ai travaillé sans relâche, apprenant les rouages les plus difficiles du chant, grandissant et murissant. Les compliments auxquels j’ai eu le droit m’ont poussé à aller encore plus loin. On m’a promis bien des choses, l’on me disait que j’étais prêt pour débuter, tel le chanteur mature et charismatique que j’espérais être. On m’a même dit que je pourrais être le leader d’un groupe, que j’en avais les capacités et l’envergure. Rien que d’y penser, mes yeux en brillaient.

Mais le temps passait… les saisons s’enchaînant sous mes yeux, alors qu’aucun début ne s’annonçait. On m’avait tellement dit que j’étais prêt, que j’allais bientôt débuter… mais rien. J’étais abattu, en colère, impatient… Puis un jour, je suis convoqué. Avec moi quatre autres trainees. Enfin ! J’allais enfin débuter ! Etre le leader charismatique et mûre, et le chanteur passionné… non même pas. J’étais resté pétrifié dans la pièce quand j’ai entendu le nom du leader. Kang Shin-Il. Et… et moi ?

Jamais je n’ai autant voulu tout détruire. Je me retenais à peine de balancer au sol tout ce qu’il y avait sur le bureau, bouillonnant. Shin-Il, leader ? Ça aurait dû être moi le leader, pas lui. Tout le monde le sait, mais tout le monde fait comme s’il était légitime. On ne me surnomme pas le leader dans l’ombre pour rien. J’aurais dû être ce leader. Tout me désignait comme tel, alors pourquoi en a-t-on décidé autrement ? Jamais je ne pourrais oublier ça… je suis le vrai leader.