Hwang Jae Duk

"do what you love, love what you do"

« Toutes les familles heureuses se ressemblent mais chaque famille malheureuse l'est à sa façon. » On m'a souvent rabattu les oreilles avec cette citation de Tolstoï. J'y suis resté indifférent pendant un long moment, avant de comprendre que je n'étais absolument pas d'accord avec ça. Probablement parce que j'ai toujours eut du mal avec les personnes se complaisant dans leur malheur, sous prétexte qu'elles ont une histoire différente de celle des gens heureux. Pas que je ne comprenne pas que tout un chacun puisse vivre des moments tristes et en être dépité : seulement, de mon point de vue, ce n'est pas une raison valable pour prendre les gens de haut. Au même titre que je ne comprend pas les personnes issues de bonne famille et qui n'ont jamais eut d'ennuis notables se permettent de juger les personnes moins chanceuses.

Pour ma part, je fais partie de cette seconde catégorie. A l'exception prêt que mes parents sont probablement les personnes les plus humbles que j'ai connu. Tous deux avaient largement assez de ressources pour subvenir aux besoins de mon frère, ma sœur et moi, mais ça n'était pas un prétexte pour que nous soyons plus gâtés que les autres. Nous avions certes des facilités à l'école, ça n'en était pas une raison pour faire la risée de nos camarades. Ou si on était tenté de faire quelque chose hors de leurs principes, on était bien vite remis sur le droit chemin. Il ne faut pas pour autant en conclure qu'ils étaient trop sectaires : juste de bons parents prodiguant une bonne éducation, nous laissant des libertés au fur et à mesure de notre maturité, tout simplement. Et il me semble qu'aucun de nous trois n'en a jamais vraiment souffert – malgré le passage un peu tumultueux de l'adolescence.

Je n'ai jamais été quelqu'un de très entouré. Et dans mon souvenir, je n'ai jamais vraiment jalousé les personnes populaires. J'avais des amis, certes. Tous assez penchés sur les études, comme moi, ou avec d'autres points communs menant à une bonne entente. Mais d'une nature plutôt solitaire – mais très loin de rechigner la compagnie des autres, je n'ai jamais vraiment éprouvé le besoin d'être collé sans cesses à leurs basques. Et je suppose que la réciproque était sans doute vraie.

Un peu détaché certes, mais pas moins bosseur, bon négociateur et ouvert à la communication. Mes camarades de classe m'ont élu délégué à plusieurs reprises, songeant que j'avais le profil. Je n'en était pas particulièrement honoré ou ravi, mais ai toujours prit mon rôle au sérieux.

Les années ont passé, j'entamais mes études supérieures en Corée du Sud. Un truc orienté sur l'événementiel. A croire que j'avais prit goût à prendre les choses en main. Ma vie me semblait jusqu'à là convenable, mais peut-être un peu fade.

A vingt et un ans, j'ai décidé de faire ma dernière année d'études au Canada, à Toronto. Peut-être un peu sur un coup de tête pour la destination, mais j'avais envie de voir de nouveaux horizons. J'y ai en tout passé deux ans : un an d'études et un an de travail à temps plein dans l'organisation événementielle, orientée sur la musique. Je ne saurais trop dire si c'est le contact avec un pays étranger qui m'a fait cet effet là... Mais je me sentais vivre pleinement. Exprimer mes idées, m'affirmer davantage... Et probablement devenir la personne un peu « décalée » qu'on dit que je suis maintenant.

Si l'agence pour laquelle je travaillais n'avait pas coulé, j'aurais certainement fini mes jours à Toronto. Mais les choses ont fait que j'ai du rentrer en Corée du Sud, pour m'installer à Séoul, il y a deux ans de cela. J'ai rapidement cherché un emploi et mis le doigt sur quelque chose susceptible de m'intéresser : manager d'un groupe dans une agence d'idoles. Le précédent manager avait démissionné, à ce que l'on raconte. J'ai postulé, et été accepté. Moonlight, groupe ingérable ? Je ne demandais qu'à voir, ma foi ! Pour les endurer et les mener depuis deux ans, je pense m'en sortir plutôt bien.