Kwang Sang-Min

"Cause we are all made of stars"

Je suis né à Séoul dans un quartier moyen. Mes parents sont des gens agréables et charmants. Mon père travaillait à l'époque dans un petit service de l'entreprise Samsung, bien qu'il aspirait à davantage et gravissait les échelons. Ma mère est professeur de danse donc elle dispensait ses cours dans une petite école pas loin de chez nous. Je m'entendais bien avec les enfants du voisinage. Puis mon père a eu une promotion, nous avons déménagé dans un quartier plus chic à l'opposé de là où nous vivions. J'ai intégré une classe en cours d'année, au mois d'octobre, dans laquelle je ne connaissais personne. La maîtresse donnait des surnoms ridicules et j'ai hérité du sobriquet de Minnie à cause de mon physique fluet et mes traits féminins... Les autres filles se faisaient un plaisir de me nommer de cette manière. Je ne me sentais pas à ma place au début mais j'étais trop timide pour me rebeller. Un soir, mes parents et moi, nous sommes allés manger chez des amis à eux. Ils ont cinq enfants, quatre filles et un garçon de mon âge que j'ai reconnu car il est dans ma classe. Le petit s'est approché de moi en roulant des épaules et m'a sorti: « Tu veux pas être ma copine? » C'est comme ça que j'ai rencontré Shin-Il. *rires*

Ce qu'il s'est passé après? Nous nous sommes battus et nos parents ont dû nous séparer. Il a été déçu de savoir que j'étais un garçon. Ensuite, nous avons sympathisé en étant dans la même classe durant quatre ans. Nos parents ont continué à se voir beaucoup, après l'école nous étions soit chez lui soit chez moi. Les seuls moments où nous étions séparés était quand il prenait ses leçons de piano et moi mes cours de danse. Ses grandes sœurs aimaient m'habiller en fille ou me maquiller, le calvaire. Je ne pouvais rien dire, je ne faisais pas le poids et elles étaient trois contre moi. J'admirais énormément Shin à l'époque car il avait un caractère plus affirmé, qu'il ne se laissait pas faire, contrairement au timide maladif que j'étais. Nous faisions tout ensemble, manger, dormir, nos devoirs, prendre le bain. Ma passion pour la danse m'a toujours consumé, je passais des heures et des heures à m'entraîner. Quand ce n'était pas avec ma mère, je répétais dans ma chambre, dans le salon, dans le garage, dans le jardin, bref, je dansais partout. Il s'est avéré que ma voix était loin d'être désagréable à entendre, le chant est devenu ma seconde passion. Un jour, Shin-Il a pris un air très sérieux en me regardant et m'a dit: « Un jour ma musique sera au service de ta voix. » Je n'ai jamais oublié cette phrase, elle m'a fait plaisir autant que j'étais fier qu'il ait choisi la mienne.

A la fin de la primaire, comme tous les garçons de notre âge, j'étais très curieux au sujet des filles. Mais j'étais d'accord avec Shin, je ne voulais pas avoir l'air d'être un gros nase et que la fille se moque de moi si un jour j'arrivais à avoir une copine. Nous avons décidé de nous rendre service mutuellement, on s'est entraîné en s'embrassant. Cela ne m'a jamais choqué, car c'est mon meilleur ami, je peux tout partager avec lui, même ça. A notre rentrée au collège, une agence, la Star Entertainment, est venue demander à mes parents si je pouvais intégrer leur groupe de trainees. J'étais tout fou quand ils ont dit oui et j'ai couru jusqu'à chez Shin. Sur le chemin, on a manqué se percuter car il venait m'annoncer la même chose. C'était fou, mais je voyais le signe que nous irions loin tous les deux. J'étais tellement à fond dans notre formation que je n'avais de temps pour rien d'autre. On se croit toujours à l'abri de tout à cet âge et pourtant un soir tout a basculé. Shin m'a appelé, il sanglotait. Je me rappelle avoir couru jusqu'à une salle d’entraînement et l'avoir vu, effondré, à moitié débraillé, il n'a pas eu besoin de me dire quoi que ce soit, j'ai compris et ça m'a mis la rage. Je m'en suis voulu de ne pas avoir pu le protéger de celui qui avait commis cet acte impardonnable. Durant toute la nuit, il a pleuré entre mes bras.... Je me suis juré que plus jamais quelqu'un lui ferait du mal.

La période où nous nous sommes un peu éloignés est arrivée l'année de nos quinze ans. J'ignore encore pour quelle raison Shin-Il s'est mit à s'absenter très souvent. De mon côté, ma voix a mué si bien qu'elle n'avait plus rien à voir avec celle d'avant, elle n'était même pas juste et ça m'a complètement bouleversé, désemparé. Je ne pouvais plus tenir ma promesse envers mon meilleur ami, j'en culpabilisais affreusement. Il n'était plus certain que j'ai ma place sur le devant de la scène avec seulement ma danse. Je me suis senti si seul... Shin se chargeait de me faire retrouver ma voix mais c'était bien les rares moments où on se parlait. Quelques mois après, j'ai revu une femme que je connaissais depuis longtemps car il s'agissait de la sœur aînée de mon meilleur ami. Au début notre relation était purement amicale, elle me prenait pour sa mignonne petite peluche et m'offrait ses bras, cette chaleur était si agréable. Puis j'ai grandi encore, de jeune adolescent, mon corps commençait sa transition pour devenir celui d'un homme. Elle a fini par y être sensible et nous avons eu une relation charnelle qui n'était ni de l'amour et plus de l'amitié. Je m'en contentais très bien, elle m'apportait tellement. Notre différence d'âge, sept ans, ne me faisait rien espérer d'autre.

Deux ans plus tard, une opportunité se présente, concrète. Mon agence a décidé de monter un groupe donc on s’entraîne tous ensemble durant une année, Shin en fait partie aussi été choisi. Mais deux événements vont venir contrecarrer nos plans. Le premier, un chauffard a renversé une très bonne amie du lycée, nous laissant sans elle. Je n'ai jamais autant pleurer que cette fois-là, c'est un sujet que nous n'évoquons jamais avec Shin-Il car il nous a vraiment marqué. Le second, l'agence a des difficultés financières, nos débuts sont reportés. Comme si cela ne suffisait pas, ma Noona m'a dit au revoir et est partie terminer ses études en Angleterre, cela m'a affecté plus que je ne le pensais, peut-être que je n'avais pas réalisé que je l'aimais surement.  Plus le temps passait et plus le doute s'installait. Chaque jour j'espérais que le staff m'annonce une bonne nouvelle et toujours rien.. Moonlight est lancé en 2010. Le succès est au rendez-vous, les fans aussi. Ça dure depuis quatre ans, je ne m'en lasse pas et je ne échangerai ma vie pour rien au monde.